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Que s’est-il passé à Cierp-Gaud ?

Publié le 1 janvier 2021

Pas besoin de se rassembler dans une salle, ni même sur une place publique pour partager Le Son qui vient du Ciel. Tout le monde, de là où l’on est, passant dans la rue ou depuis sa fenêtre, peut être intrigué, questionné, étonné, ému, inquiet, éveillé, émerveillé, bref… touché. Le son a ce pouvoir : littéralement, il nous touche.

C’est grâce à ce pouvoir de rassemblement dans l’écoute et par-delà toutes barrières et « distanciations sociales » que, malgré les interdictions préfectorales qui pleuvaient partout sur la France et à l’invitation de Pronomade(s) – le Centre National des Arts de la Rue et de l’Espace Public en Haute-Garonne – nous avons pu réaliser la première mondiale de ce projet à Cierp-Gaud, petit village de 753 âmes, 13,9 km2, 42°54’50.3″N, 0°38’18.9″E, planète Terre du système solaire dans la galaxie de la Voie Lactée.

Le son universel qui nous unit dans l’univers

L’admirable silence du premier confinement avait révélé une sensation partagée par-delà les barrières et distanciations : le monde entier réuni dans l’écoute de l’arrêt des choses. Et cela paradoxalement alors que, justement, chacune et chacun, observant l’interdiction de se réunir, n’avait que sa propre perception isolée, depuis son propre lieu d’écoute. Une écoute de passant, ou de guetteur à sa fenêtre.

© Jean-Alexandre Lahoscinsky

La presse et les réseaux sociaux ont propagé cet émerveillement, à travers d’innombrables enregistrements de paysages « hi-fi » comme les appelle Murray Schafer : des ambiances transparentes et claires où l’absence du bruit de fond habituel laisse entendre à nouveau de petits sons proches, intimes ou oubliés et, beaucoup plus loin, le chien qui aboie, le clocher qui tinte…

Être ensemble, chacun de son côté ?

À Cierp-Gaud pas besoin de confinement pour jouir d’un paysage « hi-fi » en toute saison : à peine le passage sporadique de quelques voitures de riverains ou de randonneurs de passage, et l’écoulement des fontaines et de La Pique, petit torrent qui traverse le village ; la cloche de l’église de Gaud répond timidement à celles de Cierp et, certains soirs et seulement en période de rut (et de chasse) le brame du cerf (et quelques détonations). On sort assez peu à Cierp-Gaud. La distanciation sociale est innée, les distractions sont rares. Le mardi matin c’est jour de marché, les gestes barrières prennent la forme de barrières Vauban pour séparer les deux seuls étalages.

De l’art dans l’air

Ainsi du 20 au 25 octobre nous avons écouté le village, recueilli des sons, des conversations et des témoignages, arpenté, rencontré, collecté. Et c’est depuis l’étrange mairie-château que nous avons révélé, traité, assemblé, irrigué, questionné, instillé, harmonisé, diffusé… et graduellement le paysage sonore habituel s’est peuplé d’espèces inconnues, d’objets musicaux révélés, d’une faune mystérieuse et de nouveaux clochers.

Aucun rassemblement public final, mais beaucoup de rencontres au hasard des rues et des heures et, glissées dans les boîtes aux lettres, de mystérieuses incitations à écouter deux concerts de paysage depuis sa fenêtre ou entre quelques « points d’ouïe » remarquables du village. Et pour atteindre le plus d’oreilles possibles, un ultime concert surprise offert avant notre départ, en dialogue avec les cloches du dimanche.

Que s’est-il passé à Cierp-Gaud ? Bien malin qui saurait le dire, mais déjà les traces de notre passage vont rejoindre, dans les conversations et les réseaux sociaux, toutes les autres traces de sons réellement ou prétendument entendus, dans le ciel de Cierp-Gaud et bien au-delà…

Et puis avec Vincent Muteau nous avons rapporté des images pour un film qui donnera encore une autre dimension de cette création mondiale invisible, après les deux cartes sonores déjà postées ici.

Nouvelle vidéo ! Elle est venue s’ajouter à la playlist de l’Observatoire des Sons qui viennent du Ciel sur Youtube.

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